JEAN COCTEAU MENTON

Cocteau-Poulenc : théâtre de poésie, du monologue à la tragédie lyrique

Les journées du Patrimoine
Felicity Murphy, chant et Lara Castiglione, piano


Francis Poulenc, La Dame de Monte-Carlo, 7 minutes env.

Francis Poulenc, La Voix Humaine, 40 minutes env.

Francis Poulenc, Trois poèmes de Louise de Vilmorin, 6 minutes env.

Concert à la bibliothèque municipale Odyssée de Menton le samedi 20 septembre à 16h00

Date de publication : 2 septembre 2025

C’est en 1958 que Francis Poulenc, proche de Jean Cocteau depuis près de 40 ans, met en musique sa pièce La Voix Humaine, mettant en scène une femme au téléphone, désespérée par une rupture amoureuse, tentant de parler à son amant et sans cesse interrompue par des coupures sur la ligne téléphonique. La perte de sens dans la communication, l’absence de l’interlocuteur, manifestée par la solitude du personnage féminin dans la parole et sur la scène, sont au cœur de ce monologue théâtral que Poulenc a transformé en tragédie lyrique. Un seul acte, entrecoupé de sonneries de téléphone et d’erreurs de destinataire de l’appel, permet par bribes de comprendre la détresse amoureuse d’une femme qui n’accepte pas la séparation, et pour qui la rupture de la communication, synonyme de rupture de la relation, menacerait de provoquer une fin tragique. Prévu pour un orchestre, parfois remplacé par un piano, et une soprano, c’est l’un des rares exemples de monologue opératique, où la chanteuse alterne entre des passages chantés et des passages presque parlés, parfois accompagnée par l’orchestre, parfois seule.
Trois ans plus tard, en 1961, Poulenc compose La Dame de Monte-Carlo sur le poème éponyme de Cocteau. Plusieurs points communs relient ces deux œuvres, de l’effectif instrumental (orchestre et soprano) au sentiment de désespoir de la narratrice, qui au milieu de pensées suicidaires, joue au casino, rêve de richesse et de luxe, se plaint des caprices de la chance.
Si les femmes dépeintes par Cocteau sont en proie au désespoir, à la solitude, voire à la déchéance, il peut être intéressant et poétique, pour clore ce récital, de donner la parole à l’une de ces femmes artistes qui ont gravité autour de Jean Cocteau et du Groupe des Six. Grande amie de Cocteau, Louise de Vilmorin, femme de lettres et de cinéma, a écrit de nombreux poèmes qui ont inspiré Poulenc et gagné l’estime du monde littéraire. Avant de mettre en musique le recueil des Fiançailles pour rire, Poulenc compose le cycle des Trois poèmes de Louise de Vilmorin en 1937, pour soprano et piano, qui semblent évoquer l’amour avec légèreté. Le troisième poème, « Aux officiers de la Garde blanche », donne un ton plus implorant et plus onirique à ce recueil de poèmes à l’esprit espiègle et libertaire.
Louise de Vilmorin, qui aimait dire « Jean, c’est comme un frère » à propos de Cocteau qui l’avait soutenue au début de sa carrière littéraire, trouve sa place dans ce programme à la thématique féminine, en donnant un autre ton et une autre vision de l’amour, traduite en musique par le compositeur dans le contexte plus intimiste de la mélodie.